CHAPITRE XI UNE RÉCEPTION CHEZ L'EMPEREUR On avait annoncé que l'Empereur, absent lors de l'ouverture du Congrès, rentrerait à Berlin pour fêter les savants ; quoi qu’il en soit, l'Empereur ne vint pas, et l'Impératrice seule apparut le jour de la clôture du Congrès. Mais, ce samedi-là, elle ne ménagea point ses forces et se fit voir partout. Le matin, de bonne heure, elle visitait l'exposition médicale, et surtout les baraques-hôpitaux, les tentes d'ambulance, les trains sanitaires, ete, faisait, vers midi, une promenade en voiture découverte dans Berlin, et l'après-midi, roce- vait toutes les dames de la ville. Ces promenades de l'Impératrice n'étaient l'occasion d'aucun cri ou d'aucune manifeslalion, d'aucun déploiement de forces. On se découvrait devant la souveraine qui s'inclinait et c’élait tout. À l’houre de la réception de l'impératrice ce fut, pour nous, un curieux spectacle que celui des équipages en grande livrée transpor- tant, en plein jour, les dames de Berlin, en toilette de soirée, tête ornée de fleurs, bras nus et corsage ouvert et paré. Mais retournons à la fète de Potsdam qui cut lieu le jeudi 7 août. Six cents environ d'entre nous avaient reçu, la veille, une grande tarte d'invitation portant que, sur les ordres de Sa Majesté l'Empe- reur et Roi, le Maréchal du palais avait l'honneur de nous inviter à un concert donné dans le jardin du nouvean palais, à Potsdam. Au dos de celle invitation était indiquée la toilette : Frac ot cravate blanche pour les civils ; petite tenue de cour pour les militaires. Une seconde carte donnait droit à prendre place dans un train spé- tial dont l'heure était marquée pour le départ et le retour.